jeudi 29 novembre 2007

Julia au pays de pitounes

Une fois l'an, je fais ma fille.

D'habitude, une pulsion d'achat à la période des soldes constitue mon unique entorse à la pitoune-attitude qui n'est pas fondamentalement le genre qui me caractérise de prime abord. Mais ici, ce sont les soldes toute l'année. Pas moyen de me fillifier à ce niveau-là.
Donc, j'ai parjuré mon aversion pour les franfeluches en acceptant une invitation à une vente privée chez une grande marque de cosmétiques.
Un doute cornélien (bottes ou ballerines ?) et 45 minutes de métro plus tard, un chauffeur de bus nous dépose au croisement indiqué, "comme une centaine d'autres filles avant nous" précise-t-il. Merci du détail... La perspective d'avoir à affronter des nanas hystériques dans une atmosphère saturée de fard à paupières me transporte de joie et d'allégresse. Et c'est un euphémisme.
On marche un moment, pour arriver devant la porte d'un entrepôt. Des filles en file d'attente. Ici et là, des chums l'air perdu qui ont été traînés de force pour servir de caddies et de gardes du corps. On finit par rentrer. Dès l'entrée, on nous précise bien "Pas plus de 500$ hors taxes par cliente". Merci, je vais tâcher de faire attention.
En même temps, pour dépenser 500$, quand les vernis à ongles sont à .99$, les fards à 2$ et les rouges à lèvres édition limitée à 2,40, il faut être ultra motivée. Et je me rends compte que la motivation est une caractérstique de toutes ces demoiselles autour de moi, qui embarquent plus de gloss que je n'en aurai jamais dans mes 25 prochaines réincarnations, qui accumulent frénétiquement plus de bouteilles de shampoing qu'elles n'ont de cheveux, et qui empilent dans leur panier suffisamment de crèmes de nuit pour prodiguer les bonheurs d'une peau douce à sept générations de descendantes.
Si on fait le compte, j'aurai modestement magasiné pour 35 $. Pas moyen de dépenser plus, à moins de vouloir ouvrir une succursale Séphora. Et j'ai failli mourir écrasée, pietinée, étouffée ; j'ai manqué de perdre un oeil, un pied, les deux mains et quelques poignées de cheveux. Il y en a même une qui a fait mine de vouloir me mordre. Promis.
Mais on aura quand même bien ri, entre les panneaux de restriction "Pas plus de 24 gloss fraise par panier", "Quotas pour les parfums : 6 par cliente", les procédures strictes de délivrance des rouges à lèvres sur présentation du numéro du tube qui nous intéresse, et surtout en imaginant le contenu des paniers sur le visage des clientes.

Et en sortant de cet enfer de volupté et d'orgueil, revoilà notre chauffeur de bus qui nous remmène dans l'autre sens en nous demandant l'air candide "Alors, vous avec fait de bonnes emplettes ?". Et dites-moi, vous, vous ne vous appelleriez pas Charon, par hasard ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Qu'est-ce qu'on ferait pas pour être belle, n'est-ce pas?
héhéhéhé
Bisous ma belle
Je vais te sembler bien terne avec ma pauvre crème nivea ;-)
Bisous bisous

Anonyme a dit…

Pour ce prix là, tu aurais eu droit chez Sephora france à 1 rouge à lèvres d'un prestigieuse marque française qui commence par D et termine par Or...:)
Tu vas être toute pimpante à Noyel dis-moi...