mardi 19 février 2008

Une ptite faim ?

J'ai la solution. Une bonne fesse d'ours !

"Mui'n etoqtasit
Ours grillé
(Recette traditionnelle Mi’kmaq )

1 fesse de d'ours
1 c. à table de sarriette fraîche ou une pincée de sarriette sèche
1 tasse d'ail des bois
2 c. à table de sucre d'érable
2 tasse de feuilles d'oseille très finement hachées et écrasées
1 tasse de vin de betteraves ou de petits fruits (ou assez de vin pour couvrir la viande)
Poivre au goût

1 demie c. à café de sel (de mer)


Mettre tous les ingrédients dans une casserole sauf le sel.
Laissez mariner pendant environ 4 heures.

Salez et grillez la viande d'ours sur la grille d'un feu de bois d'érable
Arrosez du jus de la marinade à toutes les 5 minutes.
Il est recommandé de la faire cuire assez longtemps ou encore d'avoir
congelé la viande avant de la faire cuire pour tuer les bactéries potentielles."

Promis, je vous préviens dès que j'ai trouvé une bonne fesse d'ours au marché qui fera désormais partie de mon voisinage immédiat. Parce que si ça n'existe pas là, il ne me reste plus qu'à aller chercher la fesse directement sur l'animal vivant ; et je ne suis pas convaincue que Teddy Bear se laissera faire...

Félix

"Un petit et un grand. Deux hommes qui allaient à pied. D'abord le petit, voilà comment il était.
Un gros gilet de laine noire sur ses petites épaules. Un grand sac de toile blanche par-dessus. Sur sa tête grise, un petite casquette de marin. Et ses cheveux dépassaient dessous.
Il suivait le poète avec son sac. Le poète marchait le premier et disait : "Prends", et le petit vieux prenait la pensée ou l'image que lui avait montrée le poète et la fourrait dans le sac.
A la poste, ils entraient tous les deux, à la chaleur, pour faire le compte de ce qu'ils avaient rammassé et remplir leurs commandes.
Le poèete fouillait le sac et disait : "Celle-là, on va l'envoyer à mon oncle qui est dans les affaires et qui l'attend, celle-ci à l'amoureuse qui se meurt à l'hôpital, celle-là au cultivateur que l'on a chassé, et la plus jolie au fils de X qui est en prison." Parfois, ils faisaient de bien mauvaises journées. Rien. Toutes les images étaient gelées ou mortes ou pourries. Alors, ils rentraient bredouilles. Mais certains soirs, le sac était plein à crever.
Or, deux hommes forts, vêtus de cuir et d'étoffes avec des casquettes de chef, sont venus à eux et ont dit : "Finie la vie que vous menez, il faut faire de l'argent comme tout le monde et rentrer dans l'ordre."
Au petit vieux, on donna un camion et on lui dit "Roule et travaille". Et on lui arracha son sac.
Le poète, on le mit dans un bureau du ministère, derrière des fiches et on lui dit : "Rends service, remplis les fiches et gagne ton pain."
Ce n'était pas le bon calcul.
Ne recevant plus d'idées neuves, d'images ou de pensées (à part quelques rognures usées, des redites fades et contrôlées), l'amoureuse est morte, le cultivateur chassé est mort, les fils en prison est mort, l'oncle dans les affaires est mort, le petit vieux s'est jeté en bas d'un précipice avec le camion du gouvernement. Le poète remplit des fiches dans le bureau du ministère et les deux brutes sillonnent les routes, revolver au poing, surveillant ceux qui pensent ou qui flânent.
C'est un pays muet, aux villes tristes, où le monde claque des dents de froid et de peur et fait semblant d'être heureux."

On devrait toujours avoir un bon livre de ce cher Félix Leclerc à portée de main. Je vous conseille particulièrement Le Fou de l'île. Je suis même prête à l'envoyer aux victimes de la massification des réseaux de librairie et autres chaînes de bouquins pré-mâchés.

Québec la Frigorifiée

Pour le 400ème anniversaire de la fondation de Québec, le carnaval devait être exceptionnel. De fait, je me devais donc d'y aller. Je l'avais raté il y a deux ans, raison de plus.
Avant tout, ce fut mon baptême d'AllôStop. Trois heures de route dans une voiture conduite par un individu passablement bavard et convaincu d'être spirituel, il n'y a que ça de vrai. Mais j'ai traversé un Québec enneigé, vu un lac gelé recouvert de neige et des cabanes de pêcheurs sur glace alignées les unes à côté des autres.

La légende veut qu'il fasse plus froid à Québec qu'à Montréal. Ca s'est vérifié. J'ai quitté un ridicule -10°C pour les -30°C glaciaires de la jolie ville de l'Est. On a beau être couverts, ça fait frette pareil. Il m'aurait fallu la combi de ski, que je n'avais pas. C'est quand même étrange d'avoir la sensation, non de perdre la sensation du bout de son nez. Autre fait météorologique marquant : à Québec, il y a entre 1,50m et 3m de neige dans les jardins. Et ça c'est impressionnant !

Petit avant-goût de la journée pendant que les photos du carnaval finissent de télécharger :


Les escaliers qui mènent au Château Frontenac

Un petit banc de neige pour vous montrer ça avec un arbre comme point de repère.




Non, ce n'est pas une maquette. C'est la basse-ville.


Vue sur le Saint Laurent qui s'en va vers Tadoussac.


Et le traversier qui relie Québec à Lévis.

mardi 12 février 2008

La loi de la non-adaptation

C'est amusant. Je croyais que venir dans un pays, pas juste pour des vacances, mais pour y habiter vraiment, y vivre même, ça impliquait de se mettre au diapason de ce pays. Sans vouloir à tout prix faire étalage de ma merveilleuse volonté d'intégration, j'en suis arrivée à dîner à midi et à souper à 18h30 voire 19h devant le Téléjournal de Radio-Canada, avant de vaquer à mes occupations de la soirée. Le rythme normal pour un Québécois. J'avoue avoir mis quelques mois à avancer de trois heures mon horloge interne.

Mes colocs, non. C'est simple, je rentre à l'appartement, et je m'étonne parfois de ne pas voir la tour Eiffel par la fenêtre. Outre le reblochon qui dort au frigo, l'acharnement qu'ils ont à acheter du lard pour en faire des lardons et à rechercher de l'ersatz de beurre salé à 7000 km de la moindre vache normande me sidèrent. Mais le pire, le pire du pire, c'est la télé.
Imaginez : vous habitez de l'autre côté de l'océan, chez des descendants de colons qui ont quitté le Vieux Continent il y a de ça 400 ans. Vous passez vos journées en pleine Amérique du Nord, noyée dans un accent que vous finissez par ramener avec vous dans le métro. Il fait -25°C dehors. C'est plein de neige, de glace, de sloche. Ca fait des années que vous avez oublié à quoi ressemble une Twingo, parce qu'ici, il n'y a aucun modèle en dessous du Dodge Caliber ou presque. Bref, vous êtes à Montréal, stie !

Vous arrivez harassée de votre longue journée et qui vous accueille ? Nagui, Julien Lepers ou Tex, selon l'heure. Mes colocs, Français installés à Montréal depuis plus de 7 ans pour l'un, et depuis bientôt deux ans pour les autres, ne regardent exclusivement que TV5. C'est-à-dire les émissions de France 2-France 3 et les documentaires de France5. Et quand j'ai le bonheur d'allumer la télé, de tomber forcément sur TV5 et de trouver un documentaire sur les lieux insolites de Montréal, je me fais (mais sérieusement !) traitée de folle.
Je ne parle même pas des séries locales et des jeux télévisés qui soutiennent la comparaison, mais qu'ils trouvent débiles. Le seul film québécois qu'ils ont du voir, c'est le déclin de l'Empire américain. Et quand on leur demande de citer le nom d'un théâtre de Montréal, qui doit compter au moins 40 salles très connues, j'ai droit au Rideau-Vert. Bel effort.

Tu m'étonnes que les Québécois que je rencontre pour la première fois se sentent obligés de me traduire ce qu'est un party et d'articuler quand ils parlent. Je pensait qu'ils me prenaient pour une andouille. Mais non, ils me prennent juste pour une Française.
Je leur donne encore deux ans pour nous détester. Il est grand temps que je pogne l'accent et que je me fonde dans la masse.

samedi 9 février 2008

La dernière Internationale à la mode

Clampins de tous les pays, unissez-vous !

Ah le clampin... Dixième plaie d'Egypte, fléau sans limite et pourtant étrangement répandu... Qu'il emprunte la forme d'une petite veille arthritique ou d'un couple d'amis en grande discussion, on le retrouve toujours à lambiner devant nous alors qu'on est pressé. Le pire, c'est qu'ils pullulent tellement que j'ai parfois l'impression que c'est moi qui suis sous speed...

Ceux de France me tapent déjà sur les nerfs, mais la glace et la neige qui ne laissent qu'une mince bande de trottoir praticable aux piétons rendent les spécimens québécois particulièrement gossants...

C'était le cri du coeur du jour...

mercredi 6 février 2008

Horoscope

Chaque semaine, le Ici Montréal, hebdo culturel gratuit, nous dispense son horoscope éclairant et terriblement rock'n roll, par la plume de Rob Brezsny.

Extraits de celui de cette semaine :

BÉLIER
(21 mars - 19 avril): Le journal The Onion a publié dernièrement un article portant sur un homme de Caroline du Sud. Celui-ci avait été si reconnaissant pour ce que Dieu avait fait pendant la semaine précédente, qu’il avait déposé 5 $ supplémentaires dans le panier de quête de l’église, le dimanche suivant. En effet, Brad Thaden était particulièrement ravi par la météo clémente et le comportement exemplaire de ses enfants. D’ici au 18 février, Bélier, je prévois que vous pourriez, vous aussi, éprouver le désir d’accorder un pourboire à l’Être suprême, ou encore de faire un équivalent de la chose. Voici quelques petits extras en sus dont vous pourriez ainsi bénéficier: une connexion plus intense avec une ressource dont vous désiriez vous rapprocher; le réchauffement d’une alliance prometteuse; une mise à niveau sociale qui créera en vous un sentiment d’appartenance au monde beaucoup plus fort; et une vision d’où vous devez maintenant vous diriger pour concrétiser vos ambitions.

LION
(23 juillet - 22 août): Daniel Tammet est un «savant»: il peut effectuer des équations mathématiques complexes en un éclair dans sa tête. Chaque nombre, de 1 à 10 000, a une forme spéciale et évoque quelque chose de particulier pour lui.Dans son esprit, le chiffre 37 représente une espèce de gadoue grumeleuse, alors que le 89 lui rappelle des flocons de neige. Même si je n’entretiens pas habituellement ce type de rapport avec les chiffres, j’ai bel et bien reçu une vision psychique très nette du nombre 77 alors que je méditais sur les présages astrologiques actuels en ce qui vous concerne. Celui-ci jaillissait dans ma tête comme une scène où deux amoureux flottaient et culbutaient, vêtus de costumes de plongée, tentant de faire l’amour sous l’eau dans une piscine chauffée. Présumons qu’il s’agit d’un oracle: quelle est sa signification symbolique? Peut-être est-il temps de rechercher un nouveau type d’union dans les profondeurs? Ou, peut-être devriez-vous adopter une approche plus enjouée de la sexualité. Il est aussi possible que cela sous-entende que vous devriez avoir du plaisir à jouer avec les émotions profondes.

VIERGE
(23 août - 22 sept.): Après avoir étudié les aspects épineux de votre ciel, j’ai décidé d’effectuer un rituel de mi-hiver en votre nom. Levé à l’aube, j’ai bravé le matin frisquet à vélo pour franchir le parcours d’une heure nécessaire pour me rendre au sommet du mont Tamalpais. Alors que je grimpais, je murmurais la prière suivante: «Je donne l’énergie de ce dur et froid labeur aux membres de la tribu de la Vierge. Puisse-t-il les inciter à voir à leurs propres tâches avec une endurance exubérante.» Lorsque j’ai entamé le périple, j’étais épouvantablement mal à l’aise. En moins de dix minutes, par contre, j’étais en sueur et j’avais chaud. Bientôt, les endorphines ont commencé à surgir, puis l’escalade vers le sommet est devenue divine. Voilà le progrès que je vous souhaite.

CAPRICORNE
(22 déc. - 19 jan.): «Pour ma part, j’aimerais mieux avoir écrit Alice au pays des merveilles que l’Encyclopédie Britannica», a déjà affirmé Stephen B. Leacock, un auteur né sous le signe du Capricorne. Je vous invite à adopter une attitude semblable au cours des prochaines semaines. Pour assurer votre réussite, il sera plus important de donner libre cours à votre créativité brûlante que de recueillir de simples faits frigides. Opter sans cesse pour l’esprit fou sera drôlement plus pratique que suivre la nécessité logique à la trace.

Sans oublier la mission de la semaine : "faites des efforts pleins d’entrain pour changer une chose que vous aviez toujours présumée immuable." Et les fautes d'orthographe sont d'origine.

Matin difficile

Quelques strips, extraits d'une ville en hiver






mardi 5 février 2008

Tragique histoire pour voiture et banc de neige

Le jour où j'ai failli me faire écraser par une déneigeuse


J'ai eu une idée superbe hier : deux jours après une tempête de neige, je me suis perdue dans mon quartier pour prendre des photos.
Un conseil : faites jamais ça !

D'abord, vous n'avez aucune chance de vous échappez, le déneigement est effectué par quartier, donc par pack de 4 ou 5 blocs. Et puis, le déneigement ici, c'est un peu une opération militaire. Primo, une voiture de la mairie passe en tonitruant dans les rues pour avertir les riverains de crisser leur char loin des rues, sur des parkings aménagés, s'ils ne veulent pas les retrouver le lendemain à la fourrière, voire pour les plus malchanceux, sous forme d'apéricube d'acier. Pas pratique pour emmener les enfants à l'école, me direz-vous. Deuxio, une chenillette passe sur les trottoir pour en pousser la neige sur la chaussée, puis pour faire de toute cette neige, un sillon unique. Tertio, un camion et une "avaleuse de neige" (j'ai jamais vu une bestiole pareille, j'ai pas la moindre fichue idée du nom que ça peut avoir) passent dans la rue et ramassent la neige à la façon d'une moissoneuse-batteuse.

Le problème étant que la nuit, les piétons ne sont pas sensés se trouver sur le champ des opérations. Sauf quand on s'appelle Julia, forcément. En même temps, j'aurai dû me douter que la neige était tombée bizarrement :


J'ai donc joué un remix de la Party, et les gars de la voiture-balai ont dû se demander ce que je faisais à passer et repasser dans le quartier, de rue en rue, négligeamment...